Qu’est-ce que le Tai Chi Chuan ?
Le Tai Chi Chuan (ou Taiji Quan) est un art martial chinois interne.
- C’est en effet un art martial (wushu), les mouvements qui composent l’enchaînement (la Forme) correspondent à des techniques d’autodéfense.
- C’est avant tout un art « interne », en opposition aux arts externes. On pourrait dire que les arts externes sont caractérisés par une pratique où prédomine le travail musculaire et l’efficacité du geste tandis que les arts internes insistent sur la souplesse, le travail du souffle interne et la continuité du mouvement (repris de Jean Gortais).
Cette pratique s’est développée autour de 4 grands courants que sont l’acupuncture traditionnelle, la méditation taoïste, les arts martiaux et la philosophie taoïste. Ainsi, le Tai Chi Chuan est un art martial non violent puisque le combat n’est pas sa finalité. Il repose sur l’utilisation de l’énergie et non de la force physique.
Il est parfois décrit comme une gymnastique douce : la Forme (enchaînement de mouvements) est réalisée lentement dans la continuité du geste avec souplesse. Ce n’est pas totalement faux, mais c’est surtout très incomplet quand la pratique s’enrichit des principes fondamentaux des 4 courants à l’origine du Tai Chi Chuan. En effet, l’apprentissage des mouvements n’est que le début dans la pratique du Tai Chi, ils sont le support sur lequel on vient détailler, approfondir, expérimenter les principes du Tai Chi Chuan au fil des années de pratique.
- La lenteur permet de suivre le geste du bout des doigts aux orteils à chaque instant, elle requiert présence, concentration et conscience de son corps dans sa globalité
- La continuité du geste sert à installer une dynamique dans l’exécution des mouvements donnant l’impression d’une respiration des mouvements (Yin Yang)
- La souplesse s’installe petit à petit avec la pratique des chi gong taoïste et de la Forme qui détendent, étirent l’ensemble des chaînes tendino-musculaires du corps et redonnent de la mobilité aux différentes articulations des membres.
Le Tai Chi Chuan, c’est aussi :
- la recherche du geste juste : à travers les différents niveaux de pratique, les mouvements sont affinés, les mouvements parasites gommés, les crispations musculaires disparaissent
- la circulation des Souffles
- le développement progressif d’un état de concentration élevée et de présence à soi : l’intention et l’attention sont deux qualités qui se forgent par la pratique
- la pratique avec un partenaire qui permet de tester et corriger les postures, mais aussi les niveaux pratiqués. Ces applications en douceur mettent en lumière les progrès réalisés au fil du temps.
- le travail à deux (Tuishou) : une autre façon de dialoguer avec un partenaire, les mains deviennent à la fois les oreilles et les cordes vocales de cette communication
- la pratique des armes, en solo et avec un partenaire
- une pause, un moment pour soi
Histoire mythique sur la naissance du Tai Chi Chuan
La civilisation chinoise a souvent produit des histoires mythiques, extraordinaires pour raconter son Histoire (personnages, concepts philosophies, éléments culturels …). Le Tai Chi Chuan en fait partie, plusieurs versions de cette histoire mythique existent, en voici une :
Il est raconté que l’origine du Tai Chi Chuan remonte au XIVe siècle et est associée à Zhang Sanfeng, un ermite taoïste vivant sur la montagne Wudang.
La légende raconte que Zhang Sanfeng observa un combat entre un serpent et une grue. Le combat dura très longtemps sans qu’aucun des deux animaux ne prenne l’avantage, chacun ayant une stratégie différente : le serpent usant de mouvements souples et circulaires et la grue des mouvements amples et puissants.
Une fois le combat terminé, Zhang Sanfeng réfléchit longuement et conçut une technique de combat où les mouvements circulaires et fluides s’associaient à des frappes puissantes et directes :
le Tai Chi Chuan était né.
Cette histoire est chargée de symboles forts dans la culture taoïste. La grue et le serpent sont deux des cinq animaux du Taoïsme, symbolisant la longévité, l’immortalité, le bonheur et la bonne fortune (la grue) et la force interne et le Chi (le serpent). Le combat entre ces deux animaux, qui alterne fluidité et puissance, rappelle la notion de Yin Yang qui est au cœur du Tai Chi Chuan.
Ainsi, les mouvements du Tai Chi sont inspirés par les principes du combat entre la grue et le serpent, avec des mouvements doux et circulaires qui favorisent l’énergie et l’équilibre.